Les pieds nus sur le plancher Episode 1 #2 Claire MAUNIE DEBIN

Les pieds nus sur le plancher Episode 2

Episode 2 | On ne peut plus continuer comme ça...

Ce soir, c'est silence...

Sur le canapé, ce soir, c’est le silence… Je sens que c’est pesant mais je ne sais pas vraiment comment réagir. Quelque chose ne va pas, je le sens bien, et Kiki est dans son mutisme légendaire. Impossible de percer son mystère ce soir. Dans ma tête, c’est l’ébullition. Je n’aime pas ces moments là. Comme à chaque fois qu’un truc me chiffonne, je le tourne et le retourne dans tous les sens dans ma tête en veillant bien à échapper au piège de la culpabilité. Parce que oui, quand les autres ne vont pas bien, je ne vais pas bien et c’est la confusion assurée. Je dois lutter pour me convaincre que je n’y suis pour rien et que je n’y peux rien. Il y a encore quelques années, j’aurais facilement sombré dans des questionnements du type « j’ai dû faire quelque chose pour qu’il soit silencieux… Qu’est-ce que j’ai pu faire ou dire pour qu’il ne me parle pas ce soir… ». Et dans mes grands moments magistraux, je pouvais aller plus loin en me disant : « Oui, c’est ça, il n’est pas heureux avec moi et il n’ose pas me le dire !!! » Bref du grand cinéma, je te laisse imaginer librement mon mode Drama Queen. Avec le temps, j’ai appris à distancier les états d’âme des autres et les miens même si parfois c’est plus évident que d’autres. J’ai compris aussi que Kiki avait quelques moments bas comme celui que nous vivons ce soir et que je ne devais pas me formaliser. Of course, tout va revenir dans l’ordre et hop, Silence oublié ! Mais quand même… ce soir, ça me chiffonne. Je ne suis pas aussi « tranquillisée » que d’habitude… J’en cherche sans relâche la raison. Je suis littéralement en train de me toaster le cerveau et ça fume !

Mode "prendre du recul"

Comme tout est quand même magique et que le hasard n’existe pas, dans le film que nous avons mis pour occuper nos esprits, j’entends une phrase dite par un des personnages :

« Enfin, le problème, c’est que c’est quand même très répétitif et ça dure de plus en plus longtemps »…

Je crois que j’ai eu un coup de chaud en entendant cette réplique. C’était ça ! Ses silences sont de plus en plus fréquents et durent de plus en plus longtemps. Et moi, et bien ça me stresse, bien impuissante que je suis. Que faire face à un mur à part opérer un demi-tour ou tenter de l’escalader ? Je me sens bien petite et inutile à cet instant précis… Quelques respirations longues plus tard, j’ai pris le parti de me reculer et de l’observer de loin, histoire de faire mes petites hypothèses de travail dans mon coin sur ses fameuses crises de silence et par la même occasion de ne pas trop « faire éponge ».

 

Et pour une fois, je me la suis bouclée. Et ouais ! Je suis aussi capable de me taire, j’ai aussi fait silence. Nous sommes donc au diapason du silence pour qu’il vive son moment en paix mais aussi pour que je n’en rajoute surtout pas.

Première hypothèse de travail : attendre qu’il retrouve la parole… et moi en attendant, bah je bosse sur moi et ma patience… Il a vécu plusieurs bouleversements dans ses habitudes au boulot ces derniers temps et le tout cumulé, il ne peut être que fatigué. Le temps pour lui de digérer… Mais en est-il conscient ? Est-ce vraiment bien de ça dont il s’agit d’ailleurs… (Les suppositions et moi, une grande histoire !)

Ici se jouent toutes nos différences : nous ne rebondissons pas de la même manière face aux coups de mou… Ma méthode n’est pas la sienne… je ne peux pas calquer ma façon de faire sur la sienne… Je ne peux donc rien forcer et j’avoue…parfois… C’EST BIEN DOMMAGE !!!!!

Stratégie risquée... ou non

L’expérience de ma première hypothèse ayant assez durée, je tente alors ma deuxième hypothèse de travail : l’amener sur le terrain de l’avenir, du projet, sur ce qu’il imagine… 🤦 Stratégie plutôt risquée et qui peut sembler contre-productive puisque j’ai bien compris que se projeter dans la vie n’était pas son truc (il est plutôt instant présent, je te le rappelle). Toutes mes questions sur nos projets d’avenir étaient tombées jusque-là dans un gouffre abyssal. Mais quatre jours de silence après, alors que j’arrivais à mon seuil de tolérance et que je le ressentais malgré tout un peu plus détendu, je me suis permise de glisser une petite question :

« Je peux me permettre de te poser une question ? »

Il me fait oui de la tête avec un sourire en coin. Il a bien dû observer ma retenue pendant ces quelques jours et ça l’amuse visiblement.

« Si je te demande où tu es dans 2 ans, tu me réponds quoi ? 

– Je ne suis plus là. 

Avec une petite angoisse, j’accueille sa réponse. Je fais le tri dans le bordel mental qui vient de s’enflammer dans ma tête et je cherche THE question qui va me permettre de clarifier un minimum sa réponse. (Fais simple surtout !)

-Tu entends quoi par « je ne suis plus là » ?

Alerte spoiler, je m’apprête à vivre les 5 minutes les plus longues de ma vie… de silence bien sûr…

-Je ne vis plus ici. Mais je ne sais pas où, ni comment.

Mode "désamorçage"

Ok, on avance. Je prends sur moi pour ne pas en rajouter. Je vais y aller mollo mollo. C’est ce qu’on fait quand on a à désamorcer une bombe, non ? Déjà faire le tri dans les fils avant d’activer le fil rouge ou le fil bleu… Je prends donc le parti d’attendre un peu avant de passer à la suite de mon plan d’action « désamorçage de silence »… (Encore faut-il que j’aie un plan…)

Je dois l’admettre, pour une fois depuis 5 ans, Kiki exprime la nécessité d’un changement, Houra ! De nous deux, je suis celle qui a le plus de facilités à exprimer mes besoins de changement et à identifier ce que je veux. Ce que je constate, c’est qu’il est toujours plus simple de provoquer le changement quand on est seul. J’ai vécu des périodes de changement plus aisée où je n’avais personne à attendre. Attendre Kiki pour bouger conjointement n’est pas simple pour moi. Pendant ces 5 dernières années, je suis passée par plusieurs étapes : patience, frustration, impatience, patience, colère, désarroi, patience, re frustration, patience et j’en passe. Je sais depuis longtemps que ma vie n’est pas là où nous vivons aujourd’hui à tel point que j’ai souvent eu le sentiment de végéter. Et je n’aime pas ça. Ces dernières années, l’aspect inédit pour moi était de devoir patienter pour construire un projet, non plus toute seule, mais à deux, avec accessoirement toute la tribu. Je reviens souvent à la raison qui fait que j’ai pu tenir tout ce temps : l’intime conviction que c’est avec Kiki que je veux mener mon prochain projet, ça ne s’explique pas, c’est comme ça.

En attendant, entre mes moments de désarroi et d’angélique patience, je n’ai pas chômé. Au lieu de me ronger les sangs, j’avais moi-même quelques dossiers personnels à régler comme assainir mes finances et me mettre en mode « écureuil ». Il a fallu que j’apprenne à épargner et avant cela à bien définir mes objectifs. Sans objectifs, j’ai la fâcheuse tendance à me perdre et à m’éparpiller, voire à désespérer. Alors j’ai investi… sur ma petite personne. Mettre fin à mon activité pour alléger l’effet soupape prête à exploser, Cours de finances, tableurs de finance, clarification de mes objectifs, soins énergétiques, revoir mes habitudes et mon alimentation, quelques séances de qi gong et de tai chi plus tard et me voilà ici, alors que Kiki commence à se poser des questions existentielles (petite rectification: alors que je lui pose des questions existentielles auxquelles il accepte de répondre pour une fois 😉). Grâce à ses quelques réponses d’aujourd’hui, je sens que je suis à l’aube d’obtenir enfin le sésame pour aller encore plus de l’avant avec lui. J’en suis soulagée et ravie. A partir de maintenant, je vais devoir affiner avec lui notre plan à 2 (immobilier j’entends), poser les bonnes questions, la joie au cœur que mon rêve prenne bientôt forme.

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Mon nouveau challenge, avancer doucement mais surement, sans trop m’emballer (ah oui, je peux m’emballer quelque fois…) mais en concrétisant pas à pas, avec méthode. D’abord savoir exactement comment Kiki voit les choses (notre vie à deux, où, comment, ses besoins, ses envies, ses freins et obstacles) pour que je puisse faire le point avec mes propres « non-négociables ». Ensuite, ce qui peut sembler un détail mais qui n’en est finalement pas un : y croire. Oui, y croire à tout ça, à cette vie future dans l’espace de nos rêves, alors que nous vivons dans un contexte pas super enthousiasmant (pour ne pas dire autre chose). Ma petite tendance à m’autosaboter revient se glisser dans mes journées, j’avoue que c’est un petit travail pour moi qui me demande beaucoup d’énergie.

« Tu as envie de quoi ? Tu as besoin de quoi ?

-De vivre avec toi, dans un coin au calme, avec de la nature.

-OOOkkkkaaaayyyyyy, on est plutôt sur la même longueur d’ondes… Mais tu as imaginé quelque chose en particulier ? tu as envie d’une maison avec des critères particuliers ? Une région particulière ?

-Je ne sais pas. En fait, je suis fatigué. M’occuper de tout ça, en plus de tout ce que j’ai à faire tous les jours … Pas possible pour moi.

-Tu serais d’accord si je cherchais des maisons selon mes ressentis et parmi ces maisons, tu me dis ce qui te plaît ou non. Ce serait un bon début, tu ne crois pas ?

-Oui ça me va.

J’avais pour la première fois une réponse de sa part remplie d’allant et d’envie (à sa mesure…). Nous pouvons enfin mener un projet de vie ensemble (je m’emballe là ?). Je sais aussi qu’à ce moment précis, nous n’en sommes qu’au début. Mais un cap est franchi et une légèreté est revenue. J’ai ressenti comme un léger vent d’apaisement. Moi remplie d’espoirs et lui, retrouvant la parole et son sourire.

Les pieds nus sur le plancher

Continuer comme ça ? Courir tous les jours, bosser dur, s’affaler sur le canapé, s’endormir aussi sur le canapé, recourir le lendemain, tenter de récupérer des forces le week-end mais avec les activités des chacun à gérer… A cet instant précis, je suis sûre de cela, nous ne pouvions plus continuer comme ça.

Très enthousiaste, j’ai l’envie rageante de me mettre à la recherche d’une maison potentielle, Hop, LE BON COIN… mais je perçois un doute en moi. Je l’identifie très vite : la peur de lancer ce projet et de ne pas pouvoir l’assumer financièrement. Je sens bien que ce projet est une source d’apaisement, de liberté et de délivrance pour moi mais une petite voix en moi prie très fort, presque désespérée : «  Pourvu que nous puissions aller jusqu’au bout ». Et en même temps… je sais que j’ouvre les vannes à un futur dont je ne soupçonne pas encore toute la magie.

Je pianote sur mon clavier d’ordi : l.e.b.o.n.c.o.i.n.f.r…………………………

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