Episode 4 | De petits pas en petits Pas
Tout descend comme une évidence !
Ok ! On reste calme. J’adore cette maison !!!!!!! On ne se connaît peut-être pas encore assez, mais il faut que je te dise. Voici l’exemple parfait pour lequel je peux vivre de grandes montagnes russes. J’ai flashé sur cette annonce, les photos, les surfaces, le jardin, le côté maison de bourg de petit village avec du calme, un GR juste à côté, un espace à rénover à notre façon pour y faire de la location. Paf ! tout descend comme une évidence, je m’y vois vivre, je me vois dans la cuisine, je me vois dans le jardin, je me vois y accueillir les personnes qui me correspondent, je me vois y jouer du tambour, je me vois y faire mon feu de guérison, je me ressens connectée à ce lieu. Je me sens autant emballée qu’intimidée. Voire même un peu fébrile. Un truc me vient directement en tête : « et si ça ne marchait pas… »
Quand ce type de petite phrase me vient en tête, je me stoppe net. Je tente tout du moins. Je respire un bon coup. Et je reviens à mes fondamentaux : l’esprit des petits pas. L’esprit des petits pas, c’est quoi ? C’est partir de mon rêve éveillé dans lequel je me suis laissé embarquer. Tant qu’à faire, j’en fais une ressource, une grande Vision, et je reviens à moi, petit à petit, en tirant la corde tendue entre ma grande vision et mon petit corps, et revenir à quelque chose d’objectif, dans l’instant présent. Autrement dit, je reviens sur Terre… Une fois revenue sur Terre, dans la forme d’ancrage la plus optimale possible à l’instant T, je reconsidère les choses, détachée de mes émotions (souvent c’est idéal après trois bonnes nuits de sommeil). Quand j’ai dépassionné mon débat intérieur, je peux donc passer aux petites étapes qui m’attendent et qui sont devenues alors très factuelles. Je deviens opérationnelle, dans l’action.
Alors oui, un pas après l’autre ma chérie… Je relativise donc : ce n’est qu’une annonce. Tu n’en es pas à l’étape du déménagement ma vieille ! Tout du moins, pas encore. Un éléphant, ça se mange une bouchée à la fois. Je vais me servir de cette annonce pour donner un peu plus de concret à notre projet, sonder Kiki sur ses aspirations et rester motivée à mettre des sous de côté pour constituer un apport lorsque nous en serons au stade des négociations avec les banques.
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Je me sens comme le chien dans Toy Story
Je sens que mon cœur ose avancer dans des contrées vibrantes et encore inconnues. Te rends-tu compte ? J’ose concrétiser mon rêve et je fais le choix de ce que j’aime et de ce qui est vibrant pour moi ! A côté de tout ça, je fais sauter pas mal de verrous et de barrières, des croyances bien limitantes sur le budget, ma capacité à tenir de façon pérenne mes engagements, je teste au quotidien ma réelle volonté, et j’ose croire que de faire à ma façon est la meilleure solution… Sauf que mon corps a besoin de tout bien intégrer. Il y a un temps bien distinct entre la Grande Vision et l’intégration dans mon corps pour passer à l’action. Je me sens comme le chien Slinky dog dans Toy Story, une part de moi avance et l’autre est un peu à la traîne. Normal. Les vibrations du cœur, par leur légèreté, peuvent me porter plus loin. Mon corps, plus dense, a besoin de plus de temps pour se transformer et vibrer au même niveau. Et mon corps parle à cet instant précis : ma poitrine subit comme des coups de marteau, ma tête me fait un peu mal et mes muscles se tendent. J’ai envie d’y aller mais je crispe et mon mental joue ce jeu aussi. C’est comme si je tenais la ficelle d’un cerf-volant qui m’embarque et mes pieds dans le sable freinent pour retenir la pression. Au fond, est-ce que j’aimerais m’envoler avec ce cerf-volant ? Mon cœur dit oui, et mon corps a encore besoin de se détendre face à cette nouvelle perspective.
J'ai trouvé !
Plus j’avance vers mes rêves et ma vie idéale, plus les tensions montent, c’est logique mais pas insurmontable. Comme la vie m’a donnée un très bon allié en la personne de Kiki (que j’appellerai bientôt « Son Goku » compte tenu de la tenue extrême de ses cheveux sur sa tête), je le regarde assis dans l’autre canapé et je lui dis d’un air solennel et limite théâtral : « j’ai trouvé ! »
Il me regarde, se demandant de quoi je parle. Alors je recommence :
« J’ai trouvé ! La maison ! J’ai trouvé une annonce qui va bien nous parler.
Il me regarde toujours… Je m’agace un peu… Il ne saute pas de joie. Bah oui, j’aimerais qu’à ce moment précis il s’enthousiasme. Une réaction quoi ! Une petite danse… un petit saut de cabris… Bah non… En même temps, (tape à moi-même sur le front), il n’a pas vu l’annonce… Je lui en demande vraiment beaucoup trop à mon Kiki-Son Goku. Donc, je me reprends et je lui dis que je la lui partage sur WhatsApp.
Ding
Il l’a reçue…
J’attends…
Il a plutôt intérêt à l’ouvrir maintenant, parce que ma cocotte va exploser. Nous vivons dans deux mondes bien opposés. Je suis dans une excitation que j’aimerais partager et lui est dans… son monde… Souvent je me demande de quelle planète il vient… Il a son fonctionnement, j’ai le mien et entre nous, un ruban de soie, solide, fin et délicat qui nous relie, se tend et se détend au gré de nos rythmes bien différents. Alors que j’attends qu’il ouvre son foutu whatsapp, je suis flottante dans les airs tel un petit cerf-volant un peu foufou et lui est au sol, impassible, notre ruban de soie est bien tendu entre lui et moi. Il prend son téléphone… il ouvre le message… Il lit l’annonce… Je suis comme un chien à ses pieds qui attend l’instruction qui va définir la suite des évènements… il pose le téléphone… Je rabats mes oreilles mais je le soutiens du regard.
« – oui, pas mal. Mais sur photo je ne me projette pas »
Je crois que j'ai couiné...
Je crois que j’ai couiné… Qu’il est lourd quand il s’y met !!!! Je me dégonfle comme un ballon dans les airs et je me vautre dans le canapé. Il a le don de me faire redescendre sur Terre. Il me regarde, attend que je passe ma frustration. Et il me dit calmement :
« – faut visiter. »
Oui, oui, faut visiter c’est sûr, j’ai hâte même ! Dans mon for intérieur, j’admets que je n’osais pas aller jusqu’à cette étape, mais Kiki me donne une sorte de feu vert pour la suite, visiblement. C’est un nouveau petit pas pour moi, pour nous, pour notre projet. A vrai dire, je n’osais pas passer le cap de l’appel pour la visite car j’imaginais que l’agent immobilier allait me tester sur nos finances, qu’il fallait montrer patte blanche et qu’elle allait mettre un terme à notre échange en voyant que nous débutions nos recherches et que nous n’avions pas encore contacté les banques, que je n’ai qu’un mi-temps, etc, etc…Et je n’aime pas ça. Une petite fille en manque total d’assurance, encore convaincue que ça allait échouer d’avance, persuadée qu’elle n’est pas assez fiable pour un tel projet. Bon j’avoue, j’ai quand même un petit truc à régler moi à ce sujet, il va falloir très vite que j’y remédie pour que je ne sabote pas moi-même tout le projet avec cette estime de moi qui en a pris un sacré coup dans l’aile. Je peux faire preuve d’énormément d’assurance dans de nombreux domaines mais sur le plan financier, investissement, et quand il s’agit de réaliser mon rêve, bah… pas du tout. Quelques traumas de jeunesse je pense. Et la peur de me planter, on en parle ? D’ailleurs, sur le même principe que mes émotions, ma vie a été une succession de hauts intenses et de gouffres béants comme j’ai pu le vivre jusqu’à l’épuisement général, peu après mes 30 ans. J’observe souvent que j’ai gardé en mémoire ce schéma répétitif, émotionnellement fort, qui consiste à devoir sans cesse redémarrer de zéro, et j’ai le souvenir que c’est à chaque fois éprouvant et lassant. Et voilà que ce projet m’offre de travailler encore un peu plus certains sujets qui me bloquent mais cette fois-ci je le sais, comme pour les autres fois, je vais dépasser cette montagne. Comment ? A cet instant précis, je ne le sais pas encore.
La visite s'impose
Allez, j’efface, comme un tableau, mes anxiétés, ce ne sont que mes histoires. Kiki-Son Goku n’a pas l’air d’y voir d’obstacles. Alors demain, on appelle !
Heu non, j’envoie un message tout de suite. Par écrit. J’aime bien, c’est davantage ma tasse de thé. Je n’aime pas le téléphone.
« Bonjour, nous venons de découvrir votre annonce et nous aimerions avoir davantage d’informations et la visiter si cela est possible. » ………
Non, ça va pas ! Bien sûr que c’est possible de la visiter cette maison ! Hop, conditionnement effacé, je reformule :
« Bonjour, nous venons de découvrir votre annonce et nous souhaitons (oui c’est mieux, plus catégorique, ouais je sais ce que je veux nom d’une pipe !) …
Donc je reprends : « Nous souhaitons avoir davantage d’informations et nous souhaitons convenir avec vous d’un rendez-vous sur place pour la visiter (point final ferme et catégorique…. et danse de la conviction !) »
Hop, Envoyer.
Merde, j’ai pas signé !
Bon, après, le bon coin indiquera mon pseudo, c’est déjà ça.
« Ça y est, j’ai envoyé un message. Quand j’aurai leur retour, je te dirai. A quel moment c’est le plus simple pour toi pour visiter ?
– Le midi, c’est le mieux. Me dit-il, décontracté.
Un « ok » de convenance pour montrer que je suis super sereine. Mais comme j’ai envie que la dame me rappelle, là, maintenant, à 22h30 ! Je suis impatiente. Je veux aller ressentir sur place, je veux voir si mes impressions du moment se confirmeront, je veux voir si Kiki-Son Goku va aimer, va se projeter… Et soudain, j’ai un coup de mou. Je me sens fatiguée. Je décide de mettre un terme à cette ébullition dans ma tête et je vais me brosser les dents.
Entoure-toi pour tes finances
Face au miroir, Je m’observe. Mes cheveux gris, mes gencives qui saignent, ma fatigue chronique, tout ça c’est moi. Je me sens un peu plus calme. Bien que j’aimerais que cette maison soit au centre de toutes nos conversations à la maison, je sens que le côté taiseux de Kiki-Son Goku me ramène à quelque chose de plus terrien, plus ancré, qui fait contrepoids avec mon niveau émotionnel, ce qui m’évite de dépenser toute mon énergie dès maintenant et qui me permettra de tenir dans le temps sans me cramer les ailes (Une fois de plus). S’il y a bien quelque chose que j’apprends dans le dur ces derniers mois, c’est qu’un éléphant, ça se mange une bouchée à la fois. Une belle avancée ce soir, je le réalise. Je ne sais pas où ça me mènera, où ça nous mènera. Mais au moins je vais quelque part… Pour le moment, au lit. Je pose ma brosse à dents, je m’essuie le visage, j’éteins la lumière de la salle de bain et direction la chambre.
Je me faufile dans le lit un peu froid, j’éteins ma petite lampe de chevet et je m’allonge. Une main sur le cœur, l’autre sur le ventre, je respire calmement. Et une phrase me vient : « Entoure-toi pour la partie financière. Tu as besoin d’un appui pour clarifier et savoir où tu vas, ça te rassurera et là, tu avanceras sereine. » Un sourire aux lèvres, je me sens soudain très détendue. Je sais qui contacter.